Musée de la résistance (2021)
Toute l’enveloppe du bâtiment est en pisé, adobe et pierre (épaisseur 60 à 80 cm, avec des murs pyramidaux : les RDC ont des largeurs plus larges qu'à l'étage). Les lieux servants et la salle de présentation sont en adobes sans aucun apport de ciment et la charpente est traditionnelle en tataoui, ce fameux tressage de palmes colorés ou de lauriers teints au chaudron. Une poutre traversante de béton armé permet toutefois un dimensionnement de salles plus vastes que traditionnellement. En revanche, la couverture des locaux de production sont en béton armé tout comme la structure de l’ensemble sur semelles de fondation (la législation marocaine impose la structure en béton armé). Les performances en termes de durabilité se situent donc essentiellement autour du cycle de production des matériaux et aux capacités thermiques desdits matériaux premiers ou biosourcés pour un petit budget. Le projet refuse clairement la climatisation. Tous les espaces intérieurs sont ventilés par des systèmes empruntés à la tradition sur les parties hautes du bâtiment ; ce tirage thermique est associé aux dispositifs simples de fenêtres à régler en façade (face au vent dominant/les sorties à l'opposé). Le courant d'air passera en hauteur pour ne pas gêner les travailleurs et simplement rafraîchir la toiture. Une pergola prend le relais également à l’extérieur pour créer de l'ombre et des appels d'air sur la façade des ateliers qui est la plus exposée. Des lanterneaux zénithaux rythmeront les intérieurs pour éviter une lumière trop éblouissante qui empêcherait tout travail manuel. Les portes sur rails ou sur crapaudine (héritage architectural local) en acier reproduisent les mêmes petites ouvertures que dans les parois d’adobes perforées pour la ventilation et l'éclairage filtré. Des lucarnes placées en hauteur dans le local permettent de ventiler la toiture en une zone chaude mais d'autres petites lucarnes en verres avec pavés de verre seront encastrées sur la façade pour éclairer les petits espaces sans laisser la poussière pénétrer dans le bâtiment.
Le projet, placé sur la route vers la province est extremement visible, il rend hommage au patrimoine local en s'appuyant sur les architectoniques locales, mais en proposant de les utiliser dans leur matérialité et non en calepinage ou en cosmétique comme cela se fait trop souvent (influence des auberges). Dans ce vieux pays d'histoire, ce projet s’est proposé d’articuler héritages (matériel et immatériel) et amélioration des conditions de travail en créant de nouvelles normes de confort pour les publics, un accueil spécifiques, des filtres entre les espaces, tout en mobilisant au mieux les ressources existantes et les compétences.
Ce bâtiment incarne sa fonction et en donne une image positive. Le parti pris architectural a été donc de traduire en volume le projet pour que de l'extérieur il fasse signal : ainsi une façade en terre crue, avec des ouvertures faisant office des baies climatiques à volets pare-soleil présentent le lieu au visiteur depuis l’extérieur. Il n’est pas inutile de souligner que ce projet au coût moyen prouve aussi qu'on peut construire de façon économique en matériaux locaux tout en proposant un bâtiment séduisant (moins de 2 millions de dirhams pour 500 m² ce qui équivaut à un peu moins de 200 000 euros).