Les Sheds
L’usine de filterie et de retorderie de coton Cartier-Bresson s’installe à Pantin en 1859, et emploie jusqu’à 450 personnes pour traiter, teinter et mettre en bobines les fils de coton de l’usine parisienne. Ses ateliers à toiture de shed sont les derniers du site des manufactures pantinoises, dont la destruction dans les années 1960, au moment de leur fermeture, permet la construction de tours de logements, encore habitées aujourd’hui.
Témoin du passé industriel de la ville, cette remarquable architecture de brique devait être détruite dans son intégralité. Face à la contestation des Pantinois, la Ville décide de conserver deux, puis quatre, puis cinq de ces sept ateliers, pour les rénover et les intégrer au Parc Diderot, aménagé en parallèle et livré également en 2020. Le programme prévoit ainsi l’installation dans deux ateliers d’un espace petite enfance, avec une aire de jeu extérieure de 60 m². Dans les trois autres travées, un lieu culturel regroupe une salle d’exposition, un atelier pour des artistes en résidence, et une salle de médiation culturelle. Enfin, le garage attenant est transformé en loge pour les gardiens du parc ; cet espace est aussi dédié à l’installation d’un sanitaire public et à la mise en place des locaux techniques.
La démolition de deux ateliers et l’intégration de la parcelle au Parc Diderot sont autant de contraintes qui modifient l’architecture du bâtiment et dont nous avons voulu tirer parti. Les deux façades créées sont habillées de briques noires qui mettent en valeur la façade existante conservée et ravalée. La toiture est refaite, respectant la forme caractéristique des sheds qui donne son nom au projet. La finition en zinc à joint debout affirme le caractère industriel du bâtiment, et des verrières y sont intégrées, apportant de la lumière naturelle. Le garage réhabilité en loge ne faisant pas partie de cet ensemble de sheds, il est traité différemment : elle aussi refaite en zinc, sa toiture se prolonge jusqu’au sol, tel un ruban, pour habiller les façades, créant un contraste avec la brique historique d’un côté et la brique noire de l’autre.
Les performances thermiques et acoustiques sont adaptées aux exigences d’aujourd’hui et au programme mixte du projet. Les Sheds constituent ainsi une rénovation respectueuse de la dimension historique du lieu, ambitieuse pour la Ville de Pantin, et désireuse de créer une passerelle entre le passé industriel du site et son futur tourné vers la culture et les loisirs.
Nom du projet : Les Sheds
Maître d’ouvrage : Ville de Pantin
Localisation du projet : Pantin
Surface :
Espace culturel : 210 m²
Espace petite enfance : 130 m²
Loge du gardien : 50 m²
Année de livraison : juillet 2020
COMMENTAIRE DE MME MEKA BRUNEL :
« Il est rare de rencontrer des femmes architectes connues et reconnues.
Certes, ici comme ailleurs, elles sont les seconds, celles qui font le travail comme d’ailleurs des hommes.
Maud Caubet a apporté un style dans l’architecture. Elle a imposé sa lecture et comme conséquence son écriture. Elle a apporté une vision personnelle, affirmée, tout en respectant la mémoire des espaces architecturaux comme en témoigne sa restructuration pour le projet des Sheds à Pantin.
Le temps des architectes signant une façade sans tenir compte de l’urbanisme, de la qualité environnementale, de l’intégration au paysage… est révolu. Aujourd’hui, l’architecte reprend sa place de maître d’œuvre, de bâtisseur, de coordinateur de corps de métiers, de conseil auprès du maître d’ouvrage.
A cela elle ajoute une écoute, une capacité de travail en équipe, une curiosité pour les nouveautés tant techniques que sociétales, surtout sociétales.
Enfin, son charme, son sourire et sa disponibilité en font un acteur majeur de ce monde en transformation. Elle mérite amplement sa nomination à ce grand prix de Femme Architecte 2019. »
Méka Brunel, Directrice générale, Gecina