Traversée <> Sa(u)veterre - résidence d'architecture
Présentation du projet :
C’est une résidence qui a réuni Marie Willaime, écrivaine et poète, et Manon Ravel, architecte. Nous avons eu six semaines pour parcourir, interroger et comprendre comment le verbe « habiter » s’incarne à Sauveterre-de-Guyenne et porte en lui un avenir.
Se saisissant du cadre de recherche-action proposé, nous avons imaginé le projet « Traversée ». Anagramme presque parfaite de « Sauveterre », le vocable « Traversée » appelle un arpentage sensible du territoire à travers les vécus et les paroles de ses habitants.
Notre exploration, par notre duo, est à la fois littéraire et architecturale : guidées par les habitants sur leurs itinéraires, nous avons appréhendé le territoire à travers les mots de chaque arpenteur. Ces traversées ont permis de mettre à jour les pratiques du territoire, les souvenirs ou les rêves incarnés à Sauveterre.
La démarche de recherche-action, invitant à penser les processus mis en œuvre avec les usagers du territoire, a engendré une deuxième dynamique de résidence. Devenues l’oreille d’une commune à laquelle on confie plaintes et idées, nous avons saisi cette occasion pour penser un autre dispositif : le « mur des prérogatives sauveterriennes ». Composé de notes repositionnables, il fourmille d’idées de changements possibles voire utopiques pour Sauveterre.
Cette récolte, accumulée lors de rencontres individuelles, est transformée collectivement par les habitants lors d’ateliers ou de temps forts. Elle a suscité réflexions, débats et questionnements entre habitants.
Pour quel objectif ? Révéler par des affichages in-situ une lecture collective du territoire et initier des pistes pour des projets architecturaux ou urbanistiques.
Appréciation d'Adrien Maillard, directeur du 308 - Maison de l'architecture en Nouvelle-Aquitaine :
L’équipe de résidence composée de l’architecte Manon Ravel (soplo) et de l’écrivaine-poète
Marie Willaime a pleinement répondu aux attendus du projet « Traversée : renommer et
repenser le centre-bourg » à Sauveterre-de-Guyenne. Fidèles à l’esprit du dispositif national
« 10 résidences d’architecture », elles ont su aller à la rencontre des habitants, engager un
dialogue direct et sensible, et faire émerger des récits collectifs porteurs d’avenir.
En s’appuyant sur l’existant – le « déjà-là » du territoire – l’équipe a mis en valeur les
ressources locales, tant matérielles qu’immatérielles, en les considérant comme socle de
réflexion et de transformation. Cette posture a permis de reconnaître et de légitimer
l’expérience quotidienne des habitants, en l’intégrant comme matière première des
échanges et des projections futures.
Par la complémentarité de leurs compétences, les résidentes ont activé le territoire en créant
des espaces de partage et de création collective. Les ateliers d’écriture ont ouvert une voie
poétique et participative, tandis que les observations architecturales ont permis d’ancrer ces
récits dans une lecture fine du cadre bâti et paysager. Cette double approche a favorisé
l’émergence d’une culture commune et partagée, traduite par des récits et esquisses
d’équipements en devenir.
En expérimentant le quotidien, en valorisant les paroles habitantes et en instaurant des
temps publics fédérateurs, la résidence a produit un récit collectif vivant. Elle a démontré la
pertinence d’une démarche de recherche-action : faire avec, faire pour, faire autrement, ici et
ensemble.
Ainsi, la résidence a non seulement atteint ses objectifs, mais elle a aussi affirmé le rôle
politique et citoyen de l’architecture en milieu rural, en posant une question centrale : que
signifie habiter la ruralité aujourd’hui ?
Appréciation de Julien Reigner - Habitant de Sauveterre-de-Guyenne et participant à la résidence :
En 2021, dans le cadre d’une résidence d’architecture, l’architecte Manon et l’écrivaine Marie ont été chargées par la municipalité de Sauveterre-de-Guyenne de faire des propositions pour améliorer l’attractivité du village. C’est ainsi que j’ai été sollicité afin de partager des souvenirs d’enfance concernant ma vie dans le village. J’ai choisi de partager une routine que j’avais lorsque j’étais à l’école primaire à savoir un trajet que je prenais deux fois par semaine afin de me rendre depuis l’école primaire jusqu’à l’ancien dojo de judo. Nous avons ainsi parcouru les rues de Sauveterre que j’empruntais pour m’y rendre. Et j’ai essayé de me remémorer les petites habitudes comme l’achat d’une chocolatine a la boulangerie sur le trajet. J’ai trouvé cette démarche très intéressante car il est vrai qu’aujourd’hui la vie au sein du bourg se perd de plus en plus et qu’il est important de garder une vie de village autre que celle qui se résume à la sortie au supermarché.

